lipara

[architecture d’un poème-documentaire en cours de composition]

LIPARA

« Car j’ai été autrefois un jeune garçon et une jeune fille, un buisson et un oiseau, et un poisson muet dans la mer. »

Vieux port
(prologue)

Dans la bouche 
le goût d’une ville étrangère
qui fut mienne, pourtant, 
avec ses rayons trop vifs
et ses images trop pleines 
– je veux qu’elles se craquèlent, 
que le temps assassine 
un peu mon souvenir, et le vent 
qu’achemine notre stèle, 
rose et grise, éclaircit 
ton sourire – le jour 
n’en finit plus d’éternuer.

Auto-critique 1

[produire une auto-critique de ce poème du point de vue de la « poésie objective et circonstanciée »]


I
STELLE CADENTI
(paroles entendues ou rêvées)

« Nous sommes des étoiles échouées»

« Nous,
qui fûmes dans les étoiles, 
c’est sur le bitume 
que gît désormais notre Nom. » 

*

« Catzo !  Nous t’avons
accueilli sur notre île… Aurais-tu
échoué parmi les gueux ? »

*

« Giusto. Que voulez-vous ? 
Nous sommes des étoiles échouées. »

*

«Toutes nos vies le sont, stelle candenti. » 

Acquacalda

« Tu la connais 
la source chaude
des eaux qui nettoient 
jusqu’au souvenir ?
– Je la connais, 
mais elle s’est tarie : 
plus rien ne lave
nos souvenirs. »

Basalte et granite

« Sais-tu que le basalte 
ne se distingue du granite
qu’en raison de leur tendance
contraire à se jeter vers le dehors
ou à se maintenir sur les parois
de la marmitte ? »

Plage de basalte

« Échouées
au pied de marmites 
éteintes
nos petites comètes 
domestiques. »

Cave de kaolin 

« Intellectuel organique
en voie de décomposition :
papier, porcelaine, etc. »

Terme di San Calogero

« Rien ne justifie 
que les antiques bassins
de notre jeunesse
aient épuisé leur sulfite. »

Mareggiata

« La mer fait bien ce qu’elle veut. »

Ethos

« L’honnêteté 
consiste seulement
à être précis. »

Maestro

« Il existe deux types
d’artisan : 
les résistants et les morts. »

Aliscafo

« Une économie 
fondée
sur le tourisme
implique
nécessairement
la fin d’un monde. »

Évêque Todaso

« Un évêque local
fît détruire les thermes
afin de soustraire l’île
à l’affluence étrangère. »

[…]

Grand départ

« … »

*

« … »

*

« Tu sais,
il n’est pas impossible, un jour, 
que cette île se retrouve sous les flots… »

*

« …ce pour quoi chaque foyer 
conserve encore devant chez lui
une barque, prête à partir. »

III
BRÈVE ENQUÊTE SUR LA DISPARITION D’UNE SOURCE D’EAU CHAUDE À PIANOCONTE

XXX

IV
POÈME EN FORME D’OBSIDIENNE

[…]
poignard façon nuragique
miroir sans fond des civilisations
noir éclat de nos cruautés
[…]

V
JOURNAL D’UN OUVRIER DE PORTICELLO

XXX


Port vieux
(épilogue)

Dans l’oeil
le grain d’une île familière
que je ne prétends pas connaître, pourtant, 
avec ses rayons si doux
et ses images si amples
– je veux m’y fondre, 
que l’immensité incorpore 
un peu notre perte, et la foudre 
qu’achemine notre amour, 
rouge et noire, adoucit 
mon trépas – la nuit 
n’en finit plus de jouir.

Auto-critique 2

[produire une auto-critique de ce poème du point de vue de la « poésie objective et circonstanciée »]

Auto-critique 2 bis

[réécrire entièrement le poème à partant d’un objet contondant quelconque et produire conjointement sa critique depuis le point de vue de l’éternité]