[projet]

Présentation
« L’art du conte, comme vous le savez bien –commença ce conteur – est mort. Nous sommes en deuil. Donc, faute de vin, chers auditeurs, vous devrez vous contenter du kykéôn. »
Rien de plus éloigné de l’ordre d’un discours que la parole du conteur — avec son caractère mouvant, incertain, sa géographie bizarre, ses sous-terrains, ses grottes, ses échappées.
Sa langue, également, qui puise dans l’oralité la matière de ses hésitations et de ses soubresauts.
En cet espace où la parole se réinvente sans cesse — sans se figer, sans se trahir — l’identification n’y est guère plate et restrictive, mais demeure ouverte aux brèches, aux décentrements, à une profusion de significations possibles.
Si nous partons des faits, nous refusons leur articulation connue et remâchée sous l’égide du Savoir — sans négliger pour autant le matériau des luttes, des traditions perdues dont il se compose.
Ne pas faire table rase du passé, donc, mais composer — en archiviste et en monteur — une narration capable de révéler ses manques, d’assumer ses béances — offerte aux générations qui viendront, afin d’y loger leurs propres enjeux, leur propre radicalité.
État des lieux
LA MARQUISE DE GANGES est le journal d’un paumé qui s’éprend d’une Marquise assassinée il y a trois siècles, et entreprend de la venger.
LA CONJURATION DE CLÉMENS est le récit à la première personne d’un esclave qui se fit passer pour son maître assassiné, le demi-frère de l’empereur Tibère, et qui mobilisa une armée en vue de prendre la tête de l’Empire.
LES INSURGÉS DU FRANCE est le récit collectif d’une mutinerie au sein d’un cuirassé envoyé en 1919 en soutien au pouvoir tzariste, et dont l’équipage épousa la cause des révolutionnaire russes.