Le château étoilé

On n’en finira jamais avec la sensation. Tous les systèmes rationalistes s’avéreront un jour indéfendables dans la mesure où ils tentent, sinon de la réduire à l’extrême, tout au moins de ne pas la considérer dans ses prétendues outrances. Ces outrances sont, il faut bien le dire, ce qui intéresse au suprême degré le poète.Lire la suite « Le château étoilé »

Nous n’épuisons pas l’amour

à Nina, notre petit ange, Vois, nous n’épuisons pas l’amour, comme les fleurs, en une seule saison ;lorsque nous aimons, une sève immémoriale monte en nos bras.Songe, ô jeune fille, qu’au fond de nous-même ce n’était pasun seul que nous avons aimé, ni même ce qui devait venir,mais le bouillonnement de l’innombrable ;non pas unLire la suite « Nous n’épuisons pas l’amour »

Géographie(s)

Mahony disait que ce serait rudement chouette de partir en mer sur un de ces grands navires, et moi-même, en regardant les grands mâts, je voyais, ou j’imaginais, la géographie, dispensée chichement à l’école, prendre consistance sous mes yeux. L’école et la maison semblaient s’éloigner, et l’influence qu’elles exerçaient sur nous semblait décliner. James Joyce,Lire la suite « Géographie(s) »

« Comme toi, César »

Cette même année, un seul esclave aurait par son audace, si l’on n’y avait mis promptement bon ordre, plongé l’État dans les discordes et les guerres civiles. Un esclave d’Agrippa Postumus, nommé Clémens, en apprenant la mort d’Auguste, conçut un projet qui n’était pas d’une âme servile : il résolut de se rendre dans l’îleLire la suite « « Comme toi, César » »

Je dis qu’il doit vaincre

Chère Écusette de Noireuil,   Au beau printemps de 1952 vous viendrez d’avoir seize ans et peut-être serez-vous tentée d’entrouvrir ce livre dont j’aime à penser qu’euphoniquement le titre vous sera porté par le vent qui courbe les aubépines… Tous les rêves, tous les espoirs, toutes les illusions danseront, j’espère, nuit et jour à laLire la suite « Je dis qu’il doit vaincre »

La beauté est difficile

C’est le passé de la littérature, son histoire propre, dont l’importance a crû au point d’étouffer le présent. À l’origine, elle naît du fracas des batailles, de la fureur des éléments, de ce qui, par essence, l’empêche, la nie. Ensuite, elle doit compter avec elle-même, avec la succession des formes qu’elle a revêtues. La grandeLire la suite « La beauté est difficile »

Correspondances

La Nature est un temple où de vivants piliersLaissent parfois sortir de confuses paroles ;L’homme y passe à travers des forêts de symbolesQui l’observent avec des regards familiers. Comme de longs échos qui de loin se confondentDans une ténébreuse et profonde unité,Vaste comme la nuit et comme la clarté,Les parfums, les couleurs et les sonsLire la suite « Correspondances »

Les batailles ne se gagnent jamais

Parce que, dit-il, les batailles ne se gagnent jamais. On ne les livre même pas. Le champ de bataille ne fait que révéler à l’homme sa folie et son désespoir, et la victoire n’est que l’illusion des philosophes et des sots. William Faulkner, Le bruit et la fureur, traduction de Maurice Edgar Coindreau, Gallimard, Folio,Lire la suite « Les batailles ne se gagnent jamais »

Couleurs

Oui, il me faudrait maintenant un peu d’imprévu, en couleur autant que possible, ça me ferait du bien. Car je ne ferai plus peut-être qu’un seul voyage, dans les longues galeries que je connais, avec mes petits soleils et lunes que j’accroche et mes poches pleines de cailloux pour représenter les hommes et leurs saisons,Lire la suite « Couleurs »

Que ferais-je

que ferais-je sans ce monde sans visage sans questionsoù être ne dure qu’un instant où chaque instantverse dans le vide dans l’oubli d’avoir étésans cette onde où à la fincorps et ombre ensemble s’engloutissentque ferais-je sans ce silence gouffre des murmureshaletant furieux vers le secours vers l’amoursans ce ciel qui s’élèvesur la poussière de sesLire la suite « Que ferais-je »