
Vous avez voulu avoir un poète sur ce banc
lustré par les culottes de tant de pauvres diables ?
D’accord, savourez. La Justice
devient la voix d’hirondelles aveugle, aux désoeuvrements
de la Poésie. Et non parce que la Poésie aurait le droit
de délirer sur un peu d’azur, sur un misérable jour
sublime qui naît de la mélancolie et de la mort.
Mais parce que la poésie est Justice. Justice qui croît
en liberté, dans les soleils de l’âme, où s’accomplissent
en paix les naissances des jours, les origines et les fins
des religions, et les actes de culture
sont aussi des actes de barbaries,
et quiconque juge est toujours innocent.
Pier Paolo Pasolini, Poésie en forme de rose, traduction de René de Ceccaty, Payot, 2015.