
Personne ne nous pétrira de nouveau de terre et d’argile,
personne ne soufflera la parole sur notre poussière.
Personne.
Loué sois-tu, Personne.
C’est pour te plaire que nous voulons fleurir.
À ton
encontre.
Un Rien
voilà ce que nous fûmes, sommes et
resterons, fleurissant :
la Rose de Néant, la
Rose de Personne.
Avec
le style, lumineux d’âme,
le filet d’étamine, ravage du ciel,
la couronne rouge
du mot pourpre que nous chantions,
au-dessus, ô, au-dessus
de l’épine.
Paul Celan, choix de poèmes réunis par l’auteur, traduction de Jean-Pierre Lefebvre, Gallimard, Poésie, 1998.